双重性真相

托普TOPART艺术

<p class="ql-block">文:杰哈德·舒里格拉 (法國)</p><p class="ql-block">图:掘夫作品</p> <p>一种文化,一种社会学背景,一段特殊的课程,结合着丰富的现实因素,艺术家掘夫用特殊的形象艺术表达方式将它们诠释。生活环境,历史地理环境都是掘夫的灵感源泉。他的作品是现实中的思想还原,表达着他观察世界的独特视角。从具象到抽象,从写实到意象,相对于作品形象本身,艺术家所探寻的更是作品带来的暗示和启发,和隐于可见之物下的更深层次的讨论,而非肉眼直观感。</p> <p><br></p><p>抛开作品形式,雕塑作品之下的,是一种双重性真相。幽默的趣味面是直观感受,但隐藏在背后的,是对人类、对未来社会状况的思索,以及同幽默相对的悲伤感。这位自由的思想者出身于中国广东省,虽然有时夹杂着呓语般的表达,但他对摇摆不定的人性嘲讽不落窠臼,且从未间断,总有着语不惊人死不休的风范。全球气候变暖引起的系列危害对他触动很深。通过隐喻来揭发真实发生在他国度的灾难,诸如温室效应,食品供应不合格,海洋和全球大气污染等,他用自己的方式捍卫着自然生态环境。</p><p><br></p> <p>不过,艺术家抨击最多的还是人与人之间的自相毁灭。他的作品是对人体的扭曲呈现:巨大的人形蜻蜓,乔装打扮的绵羊,还有脚蹬猩红色高跟鞋、一副嘲弄嘴脸的猪崽……观者可以看出男性成为了女性的牺牲品。那些没有涉及到身体残肢的作品,则会通过任何有可能塞入东西的地方贪婪互食!作品中也借着明显的、毫无遮掩的情色以嘲弄:比如环成一圈的数条女性大腿正要滑开舞步,大腿上如皇冠般的存在却是被吞噬一半的男性躯体;又或是修长的银色双腿之间却束缚着一具受虐的全裸男性。</p><p><br></p> <p>黑色幽默般的表达手法粗犷有力,无半点广告招式、或是粗鄙彩色画片般的庸俗感与娼妓感,完全脱离关于此类敏感话题的陈词滥调。当雕塑家面对着某种无法逆转的过程时,他会用作品来表达内心的恼怒。正是通过对此类疯狂巨人症的创作,艺术家拒绝乌托邦式的完美表达,借此传递着他内心的语言。</p><p><br></p> <p>艺术对掘夫来说是疑问、是忧虑、是心底恐惧的源头。从而,他的雕塑作品给观者带来强烈的视觉影响和心理冲击。人体构造的重组,温润造型带来的肉欲,还有对结构的分析与研究,艺术家统一用肉粉色来呈现。材质上选用彩色玻璃纤维,造就出作品表面如同婴儿肌肤般的光滑。没有丝毫粗糙感和脱节感,他的雕塑作品彰显了异乎寻常的丰满。决定性的肉感反差,则凝结了作品的丰厚感和平衡感。</p> <p>对怪诞造型的探究,以及如何被束缚与压抑的表达,掘夫并没有运用其他复杂的方式,只是幽默地把我们置身于这个信仰在动摇,且在歧途上越陷越深的,末日般的世界对立面中,而这份独特的创意给艺术家的未来带来的是实至名归,前途光明的创作天地。</p><p>杰哈德·舒里格拉 GÉRARD XURIGUERA</p> <p>法文原版:</p> <p>A une culture, à un contexte sociologique, à des cursus spécifiques, répondent des voies figuratives particulières, qui génèrent des correspondances avec des réalités diverses. L’artiste ancrera donc son rapport au réel selon son environnement et ses appuis géo - historiques, en transmettant une autre vision du monde, qui instaurera son monde propre, et partant, sa réalité. Ainsi, de l’apparence à l’illusion, du tangible à son reflet, figurer ne nomme plus l’objet mais la manière de le suggérer. Et cette manière nous confirme que la réalité n’est pas cd que l’on voit mais ce qui est sous – jacent, en somme, le substrat du visible.</p><p>​Ainsi, au-delà du formalisme de ses volumes, la sculpture de Jeff Zhang recèle une vérité ambivalente, qui malgré son aspect ludique teinté d’humour, renvoie à une conscience endolorie par des phénomènes de société liés au devenir de l’homme. En plongeant avec une ironie décapante au cœur d’une humanité déstabilisée, parfois saupoudrée d’accents oniriques, l’artiste en laisse filtrer une autre, plus inquiétante, car ce libre penseur, sculpteur accompli originaire de la province de Guangdong, en Chine, sait de quoi il parle. Touché par les nuisances terribles provoquées par le réchauffement climatique, il s’est mué en militant écologique, en dénonçant métaphoriquement les effets de serre, ses retombées sur l’alimentation, les océans et globalement la pollution atmosphérique, véritable fléau sur son sol natal.</p><p>​Mais ce qu’il pourfend en priorité, c’est l’anéantissement de l’homme par l’homme, qui chez lui aboutit à des déflagrations organiques où l’homme est la proie de la femme, sinon se transforme en libellule anthropomorphe géante, en mouton déguisé ou en goret moqueur chaussé d’escarpins écarlates, quand il ne s’agit pas d’un enchevêtrement de fragments de corps et de membres tronqués, qui se dévorent goulûment entre eux, par tous les orifices possibles! Il y a là, d’évidence, un érotisme à l’état brut mâtiné d’incongru, notable dans les postures insolites, lorsque d’énormes cuisses féminines couronnées par un trône masculin à demi avalé, entament un pas de danse, ou encore, au moment où de longues jambes fuselées miroitantes, emprisonnent un corps souffrant.</p><p>​Toutefois, cette pantomime morphologique truculente, qui joue sur la satire, n’a rien de trivial ou de racoleur, à l’instar des enseignes publicitaires criardes ou de certains chromos. Elle témoigne simplement de la crispation intérieure du sculpteur, confronté à un processus irréversible, loin des clichés habituels sur ce thème sensible, c’est par le détournement de l’image que se constitue cette iconographie analogique qui refuse l’utopie, en tablant sur le gigantisme des représentations, pour faire passer son message.</p><p>​Pourtant, si l’art est pour Jeff Zhang un objet d’interrogation et d’anxiété, siège de ses terreurs intimes, sa sculpture exerce un fort impact visuel et mental sur le spectateur, autant par ses combinatoires anatomiques, la sensualité de ses formes lisses et rebondies, le dépouillement étudié de ses structures, que par le choix du rose - chair comme couleur fédératrice. Conçue en fibre de verre polychrome, tendue et veloutée à l’égal des peaux de nouveaux – nés, elle affiche ses rondeurs impudiques sans aspérités et présente peu de ruptures, mais des contrastes charnels décisifs, dont l’heureuse coagulation confère à l’œuvre sa densité et son équilibre.</p><p>​En utilisant le grotesque pour dire ce qui l’étreint, Jeff Zhang ne fait rien d’autre que nous mettre en garde contre les errements d’une monde égaré, au fil d’un vibrant acte de foi qui donne à son parcours sa vraie dimension.</p><p>GÉRARD XURIGUERA</p>